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Les tests qui peuvent être utilisés en psychologie scolaire

 

Je ne compte pas faire l’inventaire de tous les tests existants mais présenter ceux qui me paraissent utiles en psychologie scolaire. Je ne prétends pas donner des informations suffisantes pour les connaître. Je veux juste apporter le minimum d’explications pour que les stagiaires sachent de quoi il s’agit le jour où ils observent la passation de ces tests.

Les tests d’évaluation du fonctionnement cognitif et instrumental

 

La plupart des tests utilisent le même principe de notation : la note brute est traduite en note standard en tenant compte de l’âge de l’enfant. Une note standard de 10 est considérée comme normale. Un écart type correspond à trois points dans le WISC, mais est variable d'un test à l'autre. Les notes d’indice sont exprimées avec une moyenne à 100 qui est aussi une médiane : lorsqu’un enfant obtient une note de 100, la moitié des enfants de son âge réussissent moins bien. Dans le WISC, les écarts types correspondent à 15 points pour les indices et le QI. Ainsi, le niveau est considéré comme normal si les notes sont comprises entre 85 et 115 (entre - 1 et + 1 écart type).

 

Le WISC est un test psychométrique destiné à calculer le niveau intellectuel d’un enfant. Mais il peut donner bien d’autres renseignements et mettre sur la piste d’un diagnostic de trouble d’apprentissage ou instrumental. WISC est l'acronyme de Wechsler Intelligence Scale for Children, du nom du concepteur des premières versions du test.

Le WISC ne sert pas à mesurer un niveau d’âge mental, ni même un QI à proprement parlé. Le terme QI est conservé par commodité, car il renvoie à un concept généralement compris : une note pour le niveau d’intelligence. Le WISC établit le rang de l’enfant au sein d’un groupe d’enfants du même âge (sur une tranche d’âge de 4 mois). Il s’adresse aux enfants de 6 à 16 ans (17 ans moins un jour).

Dans la version actuelle, le WISC  V, on trouve les épreuves suivantes :

Pour calculer l’Indice de Compréhension Verbale :

* « Similitudes » est une épreuve de logique et catégorisation où l’enfant doit dire en quoi deux mots se ressemblent, pourquoi ils sont un peu pareils, quel est leur point commun.

* « Vocabulaire » : l’enfant doit définir des mots. 

Pour calculer l’Indice Visuo-spatial :

* « Cubes » est une épreuve de structuration spatiale où il s’agit de reproduire des modèles avec des cubes qui présentent des faces unies ou bicolores séparées en deux par une diagonale.

* « Puzzles visuels » est une épreuve de perception des formes où l'enfant doit trouver les trois parties parmi les six proposés, qui permettent de reconstruire le modèle présenté. Elle est limitée à 20 ou 30 secondes par item.

Pour calculer l’Indice de raisonnement fluide :

* « Matrices » est une épreuve qui fait un peu la synthèse des deux premières. Elle évalue les capacités logiques et de catégorisation de l’enfant ainsi que sa capacité à se repérer dans l’espace. Certains items concernent des positionnements ou des déplacements dans l’espace.

* « Balances » : l’enfant a 30 secondes pour trouver l'image qui peut compléter une balance, à partir d'une première balance qui porte des charges de poids équivalent.

Pour calculer l’Indice de Mémoire de travail :

* « Mémoire des chiffres » est divisée en trois parties : une première partie où l’enfant doit répéter des suites de chiffres de plus en plus longues entendues une seule fois chacune. La deuxième partie évalue plus particulièrement la mémoire de travail, car il faut répéter les chiffres dans le sens inverse de celui où ils ont été présentés, de même que la troisième partie où il faut répéter des chiffres après les avoir remis dans l'ordre croissant. Il faut mémoriser et réfléchir, ce qui définit la mémoire de travail.

* « Mémoire des images » consiste à montrer parmi plusieurs images, celles qui ont précédemment été présentées pendant 5 secondes, en respectant l'ordre dans lequel elles étaient disposées.

Pour calculer l’Indice de Vitesse de Traitement :

* « Code » : en deux minutes, l’enfant doit recopier le plus possible de signes en tenant compte d’un modèle d’association : à chaque signe doit être associé un dessin particulier. Cinq modèles différents pour les enfants de 6 à moins de 8 ans et neuf modèles à partir de 8 ans.

* « Symboles » : l’enfant doit comparer des dessins et dire s’il y en a deux qui sont identiques sur chaque ligne. Il doit en réussir le plus possible en deux minutes.

Si les notes ne sont pas trop hétérogènes à l’intérieur d’un indice (environ 4 points d’écart entre une note et la moyenne des notes), et si les notes d’indice ne sont pas trop dispersées, il est possible de calculer le QI total.

 

Pour les enfants de moins de six ans, c'est la WPPSI IV, Wechsler Pre Pupil Scale for Intelligence, qui est requise. Elle reprend plus ou moins les mêmes épreuves que le WISC V.

D’autres tests renseignent sur le niveau intellectuel et les fonctions cognitives tels que le K-ABC, les EDEI-R, la NEMI... A chaque psychologue de choisir les outils qui lui conviennent le mieux. En France, les tests les plus couramment utilisés et reconnus pour l’évaluation de l’intelligence sont ceux de Weschler, WISC et WPPSI.

 

La NEPSY II est un test de neuropsychologie général qui s’adresse aux enfants de 5 ans à 16 ans (jusqu'à la veille de 17 ans). Elle comporte 31 épreuves parmi lesquels il faut choisir celles qui paraissent opportunes, en fonction des difficultés de l'enfant, de l'hypothèse diagnostique et de ce qui a été observé lors de la passation du WISC.

Elle évalue l’attention et les fonctions exécutives, le langage, les fonctions sensorimotrices, le traitement visuo-spatial, la mémoire et les compétences en théorie de l'esprit (lorsqu'un trouble du spectre autistique est suspecté).

 

Le TEA-Ch est un test d’évaluation de l’attention. Les scores sont exprimés en rang percentile : par exemple, un enfant qui a un résultat de 55 fait partie des 45 % des meilleurs de sa tranche d’âge, 55 % des enfants de son âge réussissent moins bien.

Ce test évalue :

L’attention sélective :

* « Recherche dans le ciel » : il s’agit d’entourer toutes les paires de dessins identiques parmi des paires de dessins différents.

* « Carte géographique » : il faut entourer des signes sur une carte topographique. Il faut en trouver le plus possible en une minute. 

L’attention soutenue :

* « Coups de fusil » : il s’agit de compter des coups sonores sans compter sur ses doigts ou à haute voix.

* « Transmission de codes » : l’enfant entend des chiffres pendant plus d’un quart d’heure. A chaque fois qu’il entend deux fois le chiffre 5 à la suite, il doit dire quel chiffre précédait les deux 5.

L’attention partagée :

* « Faire deux choses à la fois » : l’enfant doit entourer des cibles visuelles (épreuve « Recherche dans le ciel » qu’il a déjà passée) et, en même temps, compter les coups sonores (épreuve « Coups de fusil » qu’il a déjà passée aussi).

* « Ecouter deux choses à la fois » : l’enfant doit écouter des informations (genre journal télévisé), y repérer le nom d’un animal et, en même temps, compter les coups de fusils (épreuve qu’il a déjà passée deux fois, seule ou associée).

Le contrôle attentionnel :

* « Les petits hommes verts » : l’enfant doit compter des petits personnages sur un "chemin" (C'est plutôt une sorte de galerie souterraine). Lorsqu’il rencontre une flèche, il doit adapter sa façon de compter au sens de la flèche, après avoir prononcé le sens de comptage. Par exemple, il va dire « 1, 2, 3, 4,  A l’envers, 3, 2,  A l’endroit, 3, 4, 5, 6,  A l’envers, 5, 4 ».

* « Marche-Arrête » : l’enfant doit écouter des signaux qui lui indiquent qu’il doit barrer une trace de pas. Il barre ainsi un certain nombre de pas, nombre plus ou moins important selon les parties. Lorsqu’il entend le signal aussitôt suivi d’un autre plus fort, il doit stopper son geste et se retenir de tracer le dernier trait.

* « Mondes contraires » : l’enfant doit lire une suite de chiffres. Lorsqu’on est dans le monde à l’endroit, il doit désigner le chiffre qu’il voit (1 ou 2). Dans le monde à l’envers, il doit dire 1 lorsqu’il voit le 2 et inversement.

 

Le CMS est un test de mémoire qui s’adresse aux enfants de 5 à 8 ans (première partie) et de 9 à 16 ans (deuxième partie du test). Pour la plupart des épreuves, la mémorisation est évaluée aussitôt après la présentation des éléments à mémoriser puis en différé, une trentaine de minutes plus tard, pour vérifier la persistance en mémoire. 

* « Localisation de points » est une épreuve de mémoire spatiale.

* « Histoire » est une épreuve de mémoire auditive sémantique. Il s’agit de retenir et rappeler le plus d’éléments de deux très courtes histoires, dans l’immédiat et en différé. Enfin, une troisième partie consiste à répondre à des questions qui testent si l’enfant « reconnaît » des détails et des événements comme faisant partie ou non des deux histoires qu’on lui avait présentées.

* « Reconnaissance de visages » est une épreuve de mémoire visuelle.

* « Mots couplés » est une épreuve de mémoire auditive associative. Il s’agit de retenir des groupes de deux mots. Dans un premier temps, il s’agit de pouvoir dire à quel mot était associé le mot prononcé par l’examinateur. Ensuite, l’enfant doit rappeler le plus possible de groupes de deux mots. Les scores de ces deux parties d’épreuves donnent une note de rappel immédiat. La mémorisation est ensuite évaluée une demi-heure plus tard. C’est la note de rappel différé. Enfin, une dernière épreuve consiste à dire si oui ou non des groupes de deux mots faisait partie de la liste de l’épreuve initiale. C’est la note de reconnaissance différée.

* « Mémoire des chiffres » est une épreuve de mémoire immédiate et de mémoire de travail. Elle consiste à répéter des suites de chiffres dans l’ordre puis, dans une deuxième partie de l’épreuve, en sens inverse.

* « Séquences » est une épreuve de concentration et de mémoire de travail. Elle consiste à réciter le plus vite possible des suites (alphabet dans l’ordre puis dans l’ordre inverse, les jours de la semaine et les mois de l’année dans l’ordre puis dans l’ordre inverse, les nombres de 0 à 40 en comptant de 4 en 4…).

Ces différentes épreuves permettent de calculer des notes pour chaque type de mémoire :

Mémoire visuelle immédiate.

Mémoire visuelle différée.

Mémoire verbale immédiate.

Mémoire verbale différée.

Mémoire générale.

Attention/concentration.

Apprentissage (mise en mémoire).

Reconnaissance différée.

 

Le WCST, le Wisconsin Cards Sorting Test, le test de classement des cartes du Wisconsin, est une épreuve qui évalue les fonctions exécutives en fonction de la capacité de l’enfant à choisir la bonne stratégie et à en changer lorsque cela devient nécessaire. Il s’agit de classer des cartes selon des critères qui ne sont pas énoncés explicitement et qui varient : même forme, même couleur ou même quantité de dessins. En fonction du commentaire de l’examinateur (« oui » ou « non » selon que le critère de classement est le bon), l’enfant doit trouver le critère adéquat. Lorsqu’il a classé les cartes correctement dix fois à la suite, le critère de classement est modifié sans qu’il en soit prévenu. A lui de s’adapter pour comprendre que le classement a été modifié et découvrir le nouveau critère d’appariement.

 

L’EVAC est un test qui évalue si l’enfant a plus d’aisance avec le traitement séquentiel ou simultané. Il regroupe des épreuves de phonologie, d’inférences, de devinettes et de repérage spatial.

 

De très nombreuses épreuves complètent cet échantillon pour tester les compétences psychomotrices, l’écriture, le langage… et sont disponibles chez l’éditeur ECPA : Voir ICI. Pour commander certains tests strictement réservés aux psychologues, tels que le WISC, cet éditeur réclame une photocopie du diplôme de psychologue lors de la première commande.

  

Les épreuves de lecture et d'évaluation du langage écrit

 

L’Alouette consiste à faire lire un texte qui n’a pas de sens, en maximum trois minutes. Le texte contient des mots semblables à une lettre près, des distracteurs sur les côtés, sous forme de dessins qui induisent un mot alors que le texte contient un mot de forme proche. L’ancienne version du test permettait de calculer un âge lexique, c'est-à-dire qu’il était possible de dire par exemple qu’un élève à un niveau CE2 juin et un âge lexique de 8 ans et 11 mois. La nouvelle version du test permet d’analyser le type de fautes. Je trouve que l’ancien test était plus intéressant en psychologie scolaire. L’analyse du type d’erreurs intéresse davantage les orthophonistes. Il est de toute façon possible de repérer si l’enfant commet des erreurs de type visuel (confusions, oublis ou ajouts de lettres, inversions) ou de type phonologique (méconnaissance de correspondance graphie-phonie).

L’ELFE est disponible gratuitement sur le site du laboratoire Cognisciences de Grenoble (Lien vers le site). Deux textes sont proposés, afin d’avoir une deuxième version pour un retest. L’enfant doit lire un texte en une seule minute. Ce texte a un sens et raconte une histoire. En fonction du nombre de mots lus, on obtient un rang percentile, on sait que, par exemple, l’enfant fait partie des 20 % de meilleurs (RP 80 : 80 % des enfants de son niveau de classe lisent moins bien que lui).

 

L’ODEDYS II est une série d’épreuves réétalonnées et réunies par le laboratoire Cogniscience, également disponible sur leur site. Issues de tests d’orthophonistes (BALE, BELEC…), les épreuves de l’ODEDYS II évaluent la lecture et l’orthographe de mots irréguliers, réguliers et pseudos-mots, l’attention visuelle, la phonologie, la mémoire de travail et le rappel.

 

Le laboratoire Cognisciences réunit des chercheurs de l’Université Pierre Mendès France de Grenoble, des orthophonistes, des enseignants, des médecins scolaires (Malheureusement, le Docteur Zorman qui a tant fait pour ce laboratoire nous a quitté en 2012). Il est possible de trouver des outils gratuitement sur leur site. Le test utilisé par les médecins scolaires, le BSEDS, s’y trouve, par exemple. Les tests sont téléchargeables gratuitement sous le titre « Dernières ressources » à droite.

 

L'EPOCY, échelle de positionnement scolaire, est un test qui évalue le niveau des élèves en raisonnement mathématique, lecture et orthographe. Il permet de situer, de positionner l'élève : par exemple, niveau mi CM1 en maths, fin CE2 en lecture et début CM1 en orthographe.

  

Les tests projectifs et les questionnaires

 

Le CAT, Children Apperception Test est un test où l’enfant jeune doit raconter ce qu’il se passe sur des images présentant des animaux dans des positions anthropomorphiques. Il est prévu pour les enfants de 3 à 10 ans. Il permet de voir si l’enfant est préoccupé, voire envahi par un thème récurrent (perte d’objet, peur de mourir, agressivité…).

Le TAT, Thematic Apperception Test est l’équivalent du CAT pour les adultes et les enfants plus âgés. Certains psychologues l’utilisent pour des enfants jeunes, mais les images noires et blanches sont moins attrayantes et les scènes sont souvent tristes ou inquiétantes.  

Le Rorschach est un test qui repose sur le récit produit à partir de tâches d’encre, noires ou colorées. Il peut s’adresser à des personnes de n’importe quel âge. En psychologie scolaire, il est peu judicieux de l’utiliser, à moins de l’avoir pratiqué longuement dans un autre service de psychologie antérieurement. Il demande beaucoup de temps pour coter et analyser les réponses et requiert une solide expérience pour le maîtriser.

Le Patte Noire ressemble un peu au CAT : l’enfant doit choisir et commenter des images qui mettent en scène des cochons. Ceux-ci peuvent être reconnus comme faisant partie d’une même famille : les deux parents, le frère et la sœur de Patte Noire. Les scènes sont assez évocatrices des problématiques de l’enfance : jalousie, colère envers les parents, sentiments d’abandon ou autres conflits. Il existe une version avec des moutons, pour les enfants musulmans.

L’échelle composite de dépression pour enfants, le MDI-C, se présente sous la forme d’un questionnaire que l’enfant de 8 à 17 ans lit et complète seul. C’est une échelle très intéressante pour vérifier si l’état de l’enfant est vraiment préoccupant et connaître ses points de fragilité : est-il plutôt anxieux, triste, découragé, mécontent de ce qu’il est ou se sent-il trop seul… Il existe l’équivalent pour évaluer l’anxiété, le R-CMAS, pour les enfants de 6 à 19 ans.

 

Les dessins

 

Le dessin du bonhomme permet de se faire une idée de la perception du schéma corporel de l’enfant et de son degré de développement. Goodenough avait mis au point une grille de cotation destinée à calculer l’âge de développement, mais elle n’est plus trop d’actualité.

Le dessin d’une famille révèle le ressenti de l’enfant par rapport à sa famille : harmonie, fuite, colère… Certains enfants qui se sentent étouffés, mal aimés ou emprisonnés dans des conflits de loyauté, peuvent dessiner une famille d’extraterrestres, d’animaux, de citrouilles… Il est possible soit de demander à l’enfant de dessiner sa famille soit de lui demander une famille « qu’il connaît ou qu’il invente », ce qui lui laisse plus de liberté pour représenter et commenter les membres de sa famille (car il est toujours possible de retrouver les membres de sa propre famille dans ces familles inventées).

Les dessins des pays de la peur et de la joie permettent de voir comment l’enfant compose avec ces deux émotions opposées. Il faut donner d’emblée les deux feuilles et les deux consignes en demandant d’abord le pays de la peur, afin de voir si l’enfant passe facilement de la peur à la joie ou s’il reste des éléments de la peur dans le dessin du pays de la joie. Chez un enfant angoissé, il n’est pas rare qu’il fasse allusion au pays de la peur lorsqu’il raconte son dessin du pays de la joie, ou qu’il dessine un pays de la joie ni rassurant ni joyeux.

Il existe bien d'autres tests à partir de dessins, tels que le D10, la route qui mène à la maison… Chacun peut être instructif.