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Les troubles du spectre autistique

 

Les troubles du spectre autistique, ou TSA, regroupent un ensemble de perturbations du développement et touchent principalement les interactions sociales. Ils concerneraient environ 3 enfants pour 1000. Ce sont des troubles neurologiques d’origine génétique. Ils sont dus à des perturbations du décodage : le cerveau ne reçoit pas et n’interprète pas correctement les messages envoyés par les organes des sens. L’enfant ne comprend pas bien ce qu’il entend, ce qu’il voit, ce qu’il ressent et donc tout ce qui se passe autour de lui.

Les capacités intellectuelles et psychomotrices sont souvent hétérogènes, d’où le terme de « dysharmonie évolutive » qui était jadis employé pour qualifier ces troubles. On les a ensuite regroupés sous le nom de "troubles envahissants du développement".

Ils regroupent :

* Les différentes formes d’autisme : anomalies de l’interaction sociale et de la communication, intérêt restreints et activités répétitives et stéréotypées.

* Le syndrome d’Asperger qui est une forme d’autisme léger : anomalies dans la communication et les relations, intérêts et activités restreints, troubles moteurs, mais langage et développement cognitif satisfaisants, voire supérieurs.

* Les troubles envahissants du développement non spécifiés sont des anomalies sévères dans le développement des interactions sociales. Le pronostic est souvent très bon. Ce sont des enfants qu’il est possible de scolariser en milieu ordinaire.

* Les désordres désintégratifs de l’enfance : après un développement normal durant quelques mois à deux ans, l’enfant régresse fortement dans le domaine du langage, des habiletés sociales, du contrôle vésical et intestinal, du jeu et des habiletés motrices. La déficience intellectuelle est sévère. Les plus connus sont le syndrome de Rett qui atteint uniquement les filles et le syndrome de Heller. Le comportement est très proche de celui d’un enfant autiste.

En 1943, le pédopsychiatre Léo Kanner a été le premier à décrire l’autisme. C’est un syndrome qui se définit par la « triade autistique » : des troubles de la communication et des relations sociales ainsi que des centres d’intérêts limités. Un des signes en est le repli sur soi, d’où le terme adopté, « autos » qui signifie « soi-même » en grec. A l’instar du psychiatre Bruno Bettelheim qui partagea bientôt son avis, Léo Kanner envisageait le repli sur soi, le retrait autistique comme un moyen de défense face à un environnement vécu comme dangereux. Nous savons aujourd’hui que l’autisme n’est pas un mécanisme volontaire pour se protéger ni l’effet de carences affectives. Ce n'est pas une maladie psychiatrique, mais un dysfonctionnement cérébral d’origine neurologique et biochimique, souvent associé à de l’épilepsie (dans environ 30 % des cas). L’autisme touche précocement les fonctions d’adaptation : interactions sociales, communication, intérêts et comportements. Attention, la définition de l’autisme « oublie » un aspect essentiel pour comprendre le fonctionnement des personnes autistes : les particularités sensorielles et surtout perceptives.

L’autisme, surtout dans une forme sévère, se manifeste par :

* Des difficultés ou même une incapacité à communiquer avec l’entourage et un intérêt plus marqué pour les objets que pour les personnes, ce qui conduit l’enfant à s’isoler et à se couper du monde, à ne pas voir les autres. La communication est atteinte sur le mode verbal et non verbal. Les signes non verbaux qui permettent de régler l’interaction sont absents ou ne sont pas utilisés correctement. Le regard est inexpressif et non communicant. Le rire et l’expression gestuelle ne sont pas utilisés à bon escient. L’enfant autiste ne reconnaît pas les visages ni les expressions du visage. Il ne peut donc pas prévoir les réactions de l’autre, ce qui l’angoisse et l’incite à éviter les interactions.

* Des retards de développement, avec éventuellement une déficience intellectuelle qui peut être sévère ou des compétences hétérogènes. L’intelligence verbale est très inférieure (indice de compréhension verbale du test WISC) à l’intelligence non verbale (indice de raisonnement perceptif). Les réussites sont meilleures sur un matériel concret. Les capacités spatiales et perceptives sont bonnes. Les tâches impliquant l’abstraction et la compréhension non verbale, le repérage dans le temps sont difficiles. D’autres atteintes sont possibles : trouble des fonctions exécutives, dyspraxie et épilepsie. La déficience mentale n’explique pas toutes les difficultés de compréhension et d’adaptation.

* Une perception différente, en images et en détails qui entraîne des troubles de la compréhension. Cette particularité explique en grande partie l’inadaptation de l’enfant autiste. Sa perception est différente sur trois aspects. Premièrement, il comprend beaucoup mieux ce qu’il voit que ce qu’il entend, il « pense en images ». On dit aussi que c’est un « penseur visuel ». Deuxièmement, ses sensations ne sont pas stables, parfois trop fortes, parfois trop faibles, comme s’il ne parvenait pas à réguler et organiser ce qu’il perçoit : certains bruits, par exemple, lui sont insupportables un jour alors qu’il n’y prête pas attention le lendemain. Enfin et surtout, il pense « en détails », prend en compte un détail après l’autre. Sa pensée et sa perception sont morcelées. Il y a une foule de choses qu’il ne peut pas comprendre parce qu’il n’est pas en mesure de faire des liens entre les informations qui lui parviennent (images, sons, sensations corporelles) ni de voir les choses globalement. C’est ce qui diffère particulièrement l’enfant autiste (sévère) d’un autre enfant. Son organisation cérébrale ne lui permet pas d’appréhender le monde comme les autres. Un enfant normal prend en compte les détails en les comprenant dans une globalité alors que l’enfant autiste (qui souffre d'une forme sévère) ne voit que les détails sans perception globale, sans faire de lien. Il ne perçoit que des éléments décousus, des détails sans rapport entre eux. Il ne peut donc pas avoir une vision et une compréhension globales de ce qui l’entoure. C’est un trouble de la « cohérence centrale ». Rien n’a de sens pour lui. De plus, il est incapable de s’imaginer ce que peuvent penser les autres et donc de prévoir leurs comportements, ce qui est très angoissant pour lui. Cela s’appelle un déficit de la « théorie de l’esprit ». Tous ces troubles l’empêchent de percevoir les émotions chez lui et chez les autres. Il ne fait pas le lien entre un geste et une intention, une mimique et une émotion, un regard et un message. Il n’a pas accès aux émotions. Le langage n’est compris que très partiellement, même chez ceux qui parlent correctement. Les phrases sont prises au « pied de la lettre ».

* Des troubles du langage : absence ou retard de langage, écholalies (répétitions de mots ou de phrases), mots inventés, ton et rythme de la parole particuliers. Une compréhension verbale très faible. Une difficulté à faire la différence entre le « je » et le « tu ».

* Des jeux très répétitifs, dénués d’imagination et de sens. Par exemple, faire tourner un objet, ouvrir et fermer une boîte pendant des heures. Des intérêts très restreints : l’enfant s’intéresse à très peu de choses, à part ses activités répétitives qu’il peut poursuivre très longtemps.

* Une grande intolérance à tout changement dans son environnement ou ses habitudes.

* Une hypersensibilité à certains bruits ou odeurs alors qu’il semble peu percevoir ce qui se passe autour de lui. Le bruit l’agresse et peut déclencher une réaction violente de sa part. Attention notamment à la récréation qui cumule bruits, cris, mouvements et agitation. Il est préférable pour l’enfant autiste de ne pas sortir trop longtemps dans la cour de récréation. Il doit y être accompagné si nécessaire par son AVS qui, dès les premiers signes de malaise, proposera à l’enfant de rentrer au calme.

* Des comportements inadaptés tels que des cris, des automutilations : l’enfant se tape la tête au mur, se mord.

* Des balancements du corps et des gestes stéréotypés, répétitifs comme l’agitation des mains.

* Un manque d’accès au symbolique, à l’imagination et à l’abstraction. L’enfant autiste ne peut pas imiter les gestes.

Aujourd'hui, de plus en plus de personnes, enfants comme adultes, sont diagnostiquées autistes à partir de troubles très légers, dans la mesure où l'on retrouve chez eux des difficultés sociales et communicationnelles, des intérêts restreints et des particularités sensorielles. Ces personnes peuvent mener une vie normale ou quasiment normale et passer presque totalement inaperçues, surtout si leur fonctionnement autistique cohabite avec une intelligence supérieure.

 

Avant de poser un diagnostic d’autisme, il faut écarter les autres troubles pouvant expliquer le développement pathologique de l’enfant : la surdité, les troubles sévères du langage, le retard intellectuel, les carences affectives. L’évaluation des troubles autistiques doit conduire à mettre en place un programme éducatif individualisé. L’autisme peut être diagnostiqué gratuitement dans un CRA, un centre de ressources autisme comme il en existe dans plusieurs régions (voir coordonnées dans le chapitre « Les CRA »).